Pour un monde plus humain, un revenu inconditionnel pour tous

Les opposants au revenu universel sans conditions, c’est-à-dire sans contrepartie obligatoire d’activité, s’appuient sur un principe moral auquel tout le monde est sensible : « l’oisiveté est la mère de tous les vices ». Ce préjugé bien ancré et largement projeté – une grande majorité de personnes interrogées estiment que l’allocation universelle inciterait les autres à l’inactivité, mais pas eux-mêmes – n’est pas sans fondement.

Même si les psychologues  ont mis en lumière que des plages d’ennui ou d’oisiveté étaient nécessaires à la construction de soi et favorisent la créativité, il est certain qu’un ennui qui s’installerait sur le  long terme anesthésierait toutes les forces vives et conduirait à une sorte de coma de l’âme. Le « travail », dans le sens d’un effort qui peut être douloureux pour dépasser nos limitations et créer une dynamique, est absolument nécessaire pour rester véritablement vivant et si possible en éveil. Mais justement, il doit être reconnu dans son sens large et non seulement sous celui, dominant dans l’imaginaire collectif, d’une activité rémunérée.

Imaginons les conséquences possibles si tout le monde recevait chaque mois un montant suffisant pour assurer ses besoins essentiels (pas uniquement vitaux). Chacun aurait les moyens d’exercer une vraie liberté dans le choix de ce qu’il veut faire de sa vie et ce choix vraiment libre constituerait en lui-même un formidable moteur d’évolution en ce qu’il mobiliserait les ressources les plus  profondes de l’être. Cette vraie liberté conduirait à une vraie égalité, celle qui permet à chacun d’exprimer pleinement ses différences : d’aucun choisiraient de consacrer un long temps à des études avant de s’engager dans une profession, d’autres, motivés par la richesse matérielle, feraient tout pour gagner un maximum d’argent, d’autres encore exerceraient surtout des activités bénévoles ou militeraient dans des associations et enfin certains choisiraient ce travail intense que représente une vie dédiée à la réflexion et la méditation.

A l’expression de la liberté et de l’égalité ne manquerait pas de suivre celle de la fraternité. Dans un monde où n’existerait plus de rancœur des plus faibles envers les plus forts, où l’esprit de compétition serait moins exacerbé, les hommes et les femmes libérés pourraient être attirés par les joies du partage et l’aventure de la découverte les uns des autres. Ou encore, dans la solaire solitude, se laisser aller à la transcendance pour découvrir la fraternité d’âmes.

Publié le : 11/06/2014

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