La plus belle victoire est celle que l’on donne à l’autre

Cette maxime – puissé-je prendre pour moi la défaite et offrir à l’autre la victoire – fait partie des huit pratiques de l’esprit enseignées par le Bouddha en vue de se libérer de la souffrance. Elle est destinée à faire face de manière juste, c’est-à-dire libératrice, à toutes les formes de malveillance auxquelles on peut être confronté dans les rapports à autrui, principalement induites par la jalousie. Un autre grand sage avait repris la même idée : « si on te frappe sur une joue, tend l’autre joue ».

Offrir la victoire à l’autre n’est ni une réponse d’autoflagellation basée sur un manque de considération de soi-même, ni le fruit d’un altruisme à la limite de la niaiserie comme est parfois comprise l’injonction « tendre l’autre joue ». C’est au contraire, lorsqu’elle est consciente, une démarche scientifique qui, poursuivie avec constance, conduit à desserrer l’emprise de l’ego et finalement à la libération. Car qu’est-ce qu’on oppose à l’autre dans toutes les situations où on veut à tout prix avoir le dernier mot, si ce n’est son ego ?

Or selon le bouddhisme, ce dernier est à la source de toutes nos souffrances. Ainsi, chaque victoire arrachée à l’autre renforce l’ego et nous rend un peu plus malheureux en étouffant notre nature spirituelle profonde. Mais offrir la victoire à l’autre constitue également un authentique acte altruiste : par le refus de lui imposer quoi que ce soit, nous lui permettons d’exister pleinement avec la possibilité de le laisser prendre conscience de son erreur. Dans cette double dynamique de don et de renonciation, nous grandissons dans la lumière et permettons à l’autre de faire de même.

Si cette attitude est sciemment cultivée dans les stades où un chemin spirituel est parcouru en toute conscience, nous la travaillons en réalité depuis longtemps au cours des nombreuses incarnations où nous endossons – volontairement du point de vue de l’âme – une situation « d’infériorité ». Il n’y a pas d’infériorité pour l’âme, il n’y a que des apprentissages différents. Chaque situation que nous acceptons de vivre pleinement telle qu’elle se présente contient sa pierre philosophale.

Publié le : 20/05/2015

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