Lâcher prise est source de pouvoir

Bien qu’elle constitue un mot d’ordre incontournable dans la plupart des voies de développement personnel et spirituel, la notion du « lâcher prise » est le plus souvent aussi peu comprise que son pendant oriental, le non-agir, dont elle est issue.

Nous sommes fondamentalement des êtres de tension, nous tendons vers un but qui est le prochain pas – différent pour chacun – que nous sommes appelés à accomplir sur la longue, très longue route de notre accomplissement. Renoncer à cette tension serait retomber dans l’inertie contre laquelle nous avons âprement et longuement lutté, du temps où l’humanité avait pour seul objectif sa survie. Cette tension juste est notre désir essentiel, ainsi que l’a nommé le psychologue et philosophe Paul Diel, sans lequel aucune forme de réalisation de soi n’est possible. Ce qui nous détourne de cette réalisation, ce sont les multiples désirs non-essentiels, secondaires, qui déportent en quelque sorte l’énergie psychique hors de soi, à l’égard desquels nous devons précisément apprendre à lâcher-prise.

Bien sûr cette tension essentielle n’a rien à voir avec ce qu’on entend généralement par tension, qui est surtout crispation ou encore « saisie », selon le bouddhisme. On oppose aussi souvent lâcher-prise et volonté de contrôle, le premier signifiant le renoncement au second. Là encore, il est important de discerner de quel contrôle il s’agit. Si on est en accord avec la tradition orientale – berceau de toutes les spiritualités – pour qui le but spirituel ultime de l’homme est la « libération de la roue des incarnations », on comprend que renoncer à tout contrôle serait un non-sens. La voie de la réalisation spirituelle est celle de la maîtrise, dans le sens où les conditions de la vie sur le plan physique, émotionnel et mental doivent cesser d’exercer leur emprise sur l’être réel, le Soi. Cela ne peut évidemment s’accomplir si on permet à ces conditions de garder le contrôle sur soi.

Lâcher prise signifie au contraire se détacher de ces conditions en les acceptant pour ce qu’elles sont, des états transitoires dénués de toute  « réalité » profonde. On peut être riche ou pauvre, malade ou en bonne santé, heureux ou malheureux, regarder le monde à travers différents filtres conceptuels, rien de tout cela ne demeurera. Seul restera le pouvoir d’Être.

Publié le : 06/08/2014

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