L’amour est l’infini à la portée des caniches

Cette provocation du romancier Céline est citée par Marcela Iacub dans ses chroniques estivales (Libération du 16/17 août) où elle s’interroge sur les valeurs du sexe et de l’amour, ouvrant des pistes intéressantes sur un sujet récurrent dans toutes les publications de l’été, comme si seule cette période de « vacance » permettait d’ouvrir une fenêtre sur la dimension intime et intérieure de nos vies.

Il ne fait pas de doute que l’aspiration à l’amour est avant tout – même si c’est de manière inconsciente – celle d’échapper aux frontières enfermantes de l’existence ordinaire, qui tourne le plus souvent en rond dans nos petites préoccupations quotidiennes. C’est en quelque sorte une soif de l’âme emprisonnée qui aspire à retrouver son propre espace, infini, dont elle sait intuitivement qu’il est « amour », même si aucune forme d’union sexuelle ne peut évidemment l’atteindre. Cette illusion fait du bien le temps qu’elle dure, tant elle bouleverse nos repères et nous « envoie en l’air » comme on dit communément pour évoquer cette dimension spatiale dans laquelle nous faisons soudainement une brève et superficielle incursion.

La passion sexuelle est une forme de perversion, car contrairement aux apparences elle n’inclut pas l’altérité, elle utilise l’autre pour prendre conscience de soi-même à travers des sentiments dirigés vers soi. C’est une étape sur la trajectoire de l’amour que les philosophes grecs ont définie avec beaucoup de clarté. Selon eux, l’échelle de l’amour comprend dix degrés, allant de l’amour Porneia (littéralement dévorant comme celui d’un bébé) à l’amour Agapé, c’est-à-dire l’amour universel, divin, qui est réellement celui de l’âme (âme compris en tant que Soi, et non dans son sens psychologique de sensibilité).

Mais gardons-nous de toute catégorisation trop rigide. Les mots ne sont pas les choses et le vécu individuel – surtout s’il est individualisé ! – échappe toujours aux concepts, aussi élaborés soient-ils. Posons que l’amour reste un mystère et laissons-nous totalement pénétrer par lui, s’il se présente, afin qu’il puisse s’exprimer de la manière la plus originelle – proche de l’origine – possible.

Publié le : 03/09/2014

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